Taux à 5% pour fin 2023

Le taux de crédit maximal a augmenté de manière inattendue, laissant craindre une accélération inattendue de la hausse des taux à 5% d'ici la fin de l'année.

Il y a moins de 2 ans, on se demandait jusqu'où les taux de crédit immobilier pouvaient descendre. C'était l'époque où l'on pouvait décrocher aisément un prêt à moins de 1%. Aujourd'hui, c'est l'inverse. La question qui hante l'esprit des emprunteurs est la suivante : jusqu'où les taux vont-ils s'envoler ? «Et dire qu'à quelques jours près, nous avons évité le pire. Nous sommes passés entre les gouttes», se souviennent Christophe et Marie, la trentaine, qui ont pu acheter, fin 2021, un appartement en région parisienne grâce à un crédit à 0,98% sur 20 ans ! «C'est notre banquier qui doit se mordre les doigts», glissent-ils.

On pourrait s'imaginer qu'en matière de crédit immobilier comme en Bourse, les arbres ne montent pas jusqu'au ciel. Mais, en attendant, la progression est vertigineuse. Dès l'automne 2022, les taux foncent vers les 2% puis les 3% à peine six mois plus tard. Preuve que la crise qui touche l'immobilier est sévère : les 4% sont en approche et on parle déjà des 5%. Certaines voix les attendent dès le début 2024. Trop alarmiste ? Pas forcément si l'on en croit la méthode de calcul du taux d'usure. Car c'est ce taux maximal au-delà duquel une banque ne peut pas prêter, et notamment son envolée, qui est en cause. Un comble alors que cette progression était réclamée de vive voix pour donner de l'air au marché !

Pourquoi cette mise en cause ? Un taux d'usure plus élevé permet, certes, de débloquer des demandes de crédit mais offre également plus de latitude aux banques pour augmenter leur taux et alourdir le coût du crédit pour les ménages. «La hausse des taux de crédit a été très rapide ces dernières semaines, analyse Sandrine Allonier, porte-parole du courtier Vousfinancer. Pourquoi ? Parce que les banques n'ont plus de freins pour les augmenter du fait de l'envolée du taux maximal.» C'est donc parce que le taux d'usure augmente que les taux grimpent aussi. Mais l'inverse est vrai aussi. La preuve avec les deux graphiques ci-dessous où l'on voit bien que les deux courbes suivent la même tendance.

Et la démonstration en chiffres. Le taux d'usure est calculé grâce au taux moyen (assurance et frais compris, NDLR) pratiqué par les banques au cours des 3 derniers mois. Aujourd'hui, il s'élève à 3,82% contre 3,19% en avril. Vous ajoutez le résultat de la multiplication entre ce taux de 3,82% et 0,33, et vous obtenez le taux d'usure, soit 5,09%, comme annoncé dans un avis publié au Journal officiel ce jeudi. C'est la première fois depuis 2012 qu'il dépasse cette barre symbolique des 5%, selon Vousfinancer. Il y a un mois, il s'élevait à 4,68%. Cette progression inhabituelle de 0,41% fait craindre que les taux de crédit poursuivent leur envolée d'ici la fin de l'année et même au-delà. "Mieux vaut un crédit plus cher que pas de crédit du tout !" Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux.

Voilà pour le verre à moitié vide ! Certains préfèrent voir le verre à moitié plein. Pour Maël Bernier, de Meilleurtaux, cette forte hausse du taux d'usure est «une bonne nouvelle» pour les emprunteurs. «Elle va permettre aux banques de reconstituer leurs marges et de contribuer au retour de celles qui ne prêtaient plus, décrypte cette experte du courtage immobilier. Mieux vaut un crédit plus cher que pas de crédit du tout !» Certes, mais cette offre bancaire élargie trouvera-t-elle en face une demande elle aussi accrue ? Rien n'est moins sûr surtout lorsqu'on voit la dégringolade de la production de crédits immobiliers : -43% en un an, selon la Banque de France. «Tout en bas de l'échelle des revenus, les ménages investissent peu dans l'immobilier. Le pouvoir d'achat des multipropriétaires peut retarder l'ajustement des prix et donc l'accession à la propriété des primo-accédants, même appartenant à la classe moyenne. En revanche, la hausse des taux ne touche pas les ménages qui sont déjà endettés à taux fixe», décrypte Agnès Benassy-Quéré, sous-gouverneur de la Banque de France. Dit autrement, le marché à 2 vitesses, à l'œuvre depuis 2-3 ans, va continuer de se creuser.

Beaucoup de ménages risquent en effet d'avoir du mal à faire face à des taux de crédit multipliés par 4 en 18 mois ! Difficile avec des prix immobiliers qui ne baissent pas assez pour compenser cette hausse des taux ! En moins de 2 ans, la capacité d'emprunt des ménages a fondu de 50.000 à 60.000 euros, selon la plupart des experts immobiliers que nous avons interrogés. Rares sont les vendeurs qui acceptent actuellement de telles baisses de prix. Et lorsqu'ils s'exécutent, leur bien peine, malgré tout, à trouver preneur parce que leurs prix sont encore trop élevés. «Les banques souhaitent vraiment purger la situation pour permettre au marché de redémarrer, affirme Cécile Roquelaure, directrice des études d'Empruntis qui concède toutefois que «le redémarrage sera plus long que prévu, probablement pas avant le mois d'octobre pour décrocher à nouveau des crédits.» De quoi prolonger encore l'attentisme du marché immobilier.

 

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