Le coeur d'Aubervilliers accueille la ligne 12

Traversant Paris du nord au sud, elle a été prolongée de deux stations qui ouvriront le 31 mai. La fin d'un chantier hors norme.

Libéré, délivré…« À chaque retard, jétais un peu plus dégoûté, raconte Olivier, car, sans le prolongement annoncé du métro, jamais je ne serais venu m'installer à Aubervilliers! La, c'est un soulagement. » Le 31 mai, la ligne 12 parcourra 2 kilomètres supplémentaires, 17 au total allant du nord au sud, d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) à Issy (Hauts-de-Seine). Olivier, qui a débarqué dans le quartier voici quatre ans, ne cache pas sa satisfaction. La capitale est désormais à six minutes, Saint-Lazare à 20,contre 40 jusqu'alors. « Et je vais enfin découvrir un centre-ville propre, calme, et non plus en chantier perpétuel! » Car pour faire sortir de terre les stations Aimé Césaire et Mairie-d'Aubervilliers, dix ans de travaux ont été nécessaires. «Imaginez, certains gamins n'ont connu du centre-ville qu'un trou, de la poussière et du bruit, abonde Danièle Messant-Laval, présidente de Métr'Auber, qui milite depuis 1999 pour l'arrivée de la 12. On assiste enfin à son inauguration, avec près de quatre années et demie de retard.»

Pourtant, le tunnel était déjà là, creusé dès la première phase du prolongement et l'ouverture de la station Front-Populaire, à la lisière de Saint-Denis et d'Aubervilliers,
en 2012. Mais pas les deux nouvelles stations. « Les difficultés se sont succédé, pour un chantier hors norme. Il a été mené dans un tissu urbain dense et sous une ancienne nationale très empruntée, sans jamais interrompre le trafic ni connaître la moindre expropriation », souligne Tony Mailly, chef du projet pour la RATP. Un projet qui a souffert d'un faux départ et d'une arrivée en pleine pandémie. Entre-temps, un « défi » géologique s'est invité sur le chantier. Des infiltrations d'eau le long des parois des futures stations ont fait courir le risque d'affaissements de terrain. « Le tracé se trouve en pleine nappe phréatique avec 15 mètres d'eau au-dessus de sa tête », résume Tony Mailly. D'où la nécessité de recou rir à la congélation du sol à l'extérieur du tunnel à trois endroits, par injection de saumure d'abord, puis d'un mélange de saumure et d'azote liquide, « une solution assez inédite, qu'il a donc fallu d'abord expérimenter ».

 
Source : Le journal du Dimanche